samedi 28 juillet 2012

Les onze pistes de la souveraineté du peuple gabonais


Pour notre conscience

Comment lutter pour changer les choses et assurer l’avenir de ce pays aux potentialités économiques énormes ? La population gabonaise vit dans un pays aux commodités fallacieuses. Les caméléons et les putes politiques soutiennent des certitudes affichées, se rendent presque hermétiquement fermés à tout discours et à tout changement évolutif. Comment le peuple gabonais peut-il récupérer sa souveraineté confisquée par le régime Bongo-PDG et acceder à la liberté et à un véritable état de droit avec toutes les institutions dignes d'une véritable démocratie? Nous avons identifié onze pistes. Au cours des jours suivants nous les analyserons une par une, en essayant, autant que possible, d'en déterminer la faisabilité.


1- La voie des urnes : vol et usurpation des suffrages

Depuis la restauration du multipartisme et de sa démocratie de façade, le régime Bongo-PDG a fait preuve de sa malhonnêteté plusieurs fois. Quelle ne fut pas la stupéfaction des gabonais de constater qu’en septembre 1990, au premier scrutin de l’ère du multipartisme, Bongo qui était battu dans 99% des bureaux de vote s’est retrouvé avec plus de quatre vingt députés sur cent vingt. Un scrutin qui a étonné plus d’un sociologue.   Bongo a mis ses prétoriens dans la rue pour mater et assassiner tous ceux qui ont osé dénoncer cette parodie électorale.

En décembre 1993, élections présidentielles : Bongo est battu à plate couture. Il n’est même pas deuxième. Pour l’éviter l’humiliation ses maîtres de la France et quelques-uns de ses fidèles lui conseille d’aller au second tour du scrutin. Son neveu Ngari, chef de l’armée, refuse, arguant que si les français l’envoient au second tour c’est pour le foutre à la porte. Le 9 décembre 1993, il met une fois de plus l’armée dans les rues de la capitale et des principales villes. Il fait proclamer les résultats en faveur son oncle Bongo par le ministre Mboumbou, alors que le dépouillement n’était même pas encore terminé dans les principales villes. Une fois encore le peuple se soulève. Bongo fait assassiner les meneurs et d’autres manifestants sont emprisonnés pendant de longs mois. Certains disparus de cette époque n’ont, à ce jour pas encore regagner leurs domicile.

En réaction, les forces du changement dirigé par Mba Abessolo mettent en place un gouvernement parallèle dirigé par le Professeur Kombila Koumba Pierre André. Bongo ourdi un plan d’assassinats des leaders de l’opposition en réunion secrète dans une salle de l’église Ste Marie. Ce plan échoue, car certaines personnes présentes à cette réunion mouchardent les informations, et la France qui ne veut pas voir une guerre civile déjoue les plans de cet assassinat programmé. Mais ce n’est pas fini. Un calme qui annonce pourtant la tempête s’installe.

La dévaluation et les mesures draconiennes qui sont mises en places par Bongo et son clan déclenchent les émeutes des 22, 23 et 24 février 1994. Là, on a un véritable échantillon de la guerre civile, car pour une fois des gabonais démunis dans les rues, ont pointé des armes contre d’autres gabonais du camp Bongo. Des partisans du régime Bongo sont lynchés dans les quartiers pauvres de la capitale. Maître Agondjo, leader du Parti Gabonais du Progrès, parti de l’opposition propose «la paix des braves » qui, comme nous le verrons plus tard, se solde par un échec. Une fois de plus on a évité la guerre civile.

Bongo se maintient donc au pouvoir à la faveur de cette accalmie. Il en profite pour corrompre des députés de son «opposition» à coups de milliards de francs cfa. Il obtient ainsi la majorité absolue et peut donc se permettre de modifier la constitution. Il s’arroge toutes les prérogatives et pouvoirs qui lui ont été retirés à la conférence nationale. Il abroge en particulier la disposition constitutionnelle qui réduit le mandat présidentiel à cinq ans et le remet à sept ans, ensuite il élimine la disposition qui impose un mandat renouvelable une fois. Le système semi-présidentiel devient présidentiel plein. De la décentralisation, on revient à l’Etat central totalitaire. Les libertés sont sérieusement contrôlées. Des lois liberticides sont mises en place. La justice revient sous sa coupe, il nomme les magistrats et les révoque. L’armée ou les officiers sont nommés doivent prêter serment de fidélité à sa personne. De même, les magistrats, les ministres et tous les agents assermentés de l’Etat jurent fidélité au président Bongo et non pas au peuple pour qui, ils sont formés ou nommés. C’est le retour à la dictature.

En 1996, une autre parodie électorale est organisée pour les élections municipales et locales. Bongo et son clan sont battus. Cet exploit est dû au fait que le Ministre de l’intérieur a changé, d’ailleurs il est lui-même battu dans son propre fief Fougamou. Bongo crie à la fraude électorale, c’est le comble ! Il s’empresse de le changer et fait revenir le super tripatouilleur, surdoué de la fraude électorale l’indécrottable Mboumbou Miyakou qui l’a fait élire, il y a trois ans. Miracle ! Moins de deux semaines après la débâcle électorale, Bongo gagne avec 95% des voix les élections législatives. Le même cycle élection, fraude, révolte, répression, assassinats, calme, se reproduit.

Les élections de décembre 1998 donnent à l’indécrottable Mboumbou l’occasion de magnifier une fois de plus sa science dans le domaine du hold-up électoral. Les grands moyens sont mis en place. Le corps électif gonfle et triple, il passe de 180 000 électeurs à 540 000. La maîtresse de Bongo, Mbourantsuo, l’amène même jusqu’à 640 000. Plus de 15000 faux passeports sont saisis par l’opposition. Des faux procès verbaux préétablis sont retrouvés aux mains des représentants du parti de Bongo. Des urnes bourrées d’avance sont découvertes. Dans les ambassades des fausses cartes consulaires sont établies à des non gabonais. Etc. L’ampleur de la fraude ne permet tout de même pas à Bongo de gagner. Ce qui le fera dire lorsqu’il sera en présence des vrais résultats « que comme les gabonais ne m’aiment pas je les ferai souffrir ». Une fois de plus il fait intervenir son armée et se fait proclamer président élu, par sa cour… constitutionnelle dirigée par sa maîtresse. Dans les urnes Pierre Mamboundou avait remporté les élections présidentielles de décembre 1998, malgré une fraude massive. Le ministre de l’intérieur, avait tout simplement  inversé les résultats du scrutin en faveur d’Omar Bongo. Il s’ensuivit une répression terrible qui s’abattit une fois de plus sur les gabonais. Pierre Mamboundou, lui-même échappa à la mort en allant se réfugier à l’ambassade d’Afrique du Sud. Un commando vint saccager sa demeure et le siège de l’UPG.



En 2005, aux élections présidentielles, Pierre Mamboundou remporte les élections présidentielles une fois de plus. Devant ce nouveau holdup électoral, le peuple n’attend pas le mot d’ordre des leaders de l’opposition. Les gabonais descendent dans les rues dans les principales capitales provinciales du pays. Une fois de plus, Pierre Mamboundou n’en réchappe que grâce à une protection des sud-africains.

Les accords politiques qui sont institués après ces évènements pour éviter ces scénarios de contestation et répression post électoraux sont dénommées accords d’Arambo. Une commission Nationale Autonome CENAP chargé de gérer les élections est instituée. On crée le procès verbal du bureau de vote, seul document juridiquement opposable en cas de contestation d’une élection.

.En septembre 2009 Ali Bongo perds les élections. L’organisation chaotique d’une élection illégale en parfaite violation des dispositions légales et constitutionnelles en République Gabonaise et la prise du pouvoir par la force, par la fraude massive et par le trucage des procès verbaux est entré dans sa phase effective sans que cela n’émeuve qui que soit en France. Au contraire, la droite réactionnaire est au pouvoir, c'est le pendant officiel de la françafrique: le fabricant des dictateurs.
En effet la loi électorale, pourtant faite par la frange la plus conservatrice du parti au pouvoir, dispose que chaque bureau de vote doit établir un procès verbal à l’issus du décompte des voix, donc du dépouillement public de l’urne. Un procès verbal original doit ensuite être remis à chaque représentant de candidats. Ce procès verbal doit comporter tous les résultats issus de l’urne du bureau candidat par candidat et doit être signé des représentants de l’opposition et de la majorité pour être valable.

Or l’on a constaté que sur 18 candidats, les procès verbaux de dix sept candidats étaient identiques seul ceux d’Ali Bongo Ondimba étaient différents car falsifiés. Ensuite le dépouillement n’étant pas encore terminé dans la province de l’Estuaire qui compte 40% du corps électoral, un commando armé d’une cinquantaine des personnes a fait irruption dans la salle de centralisation des résultats de la Commission Electorale Nationale Autonome et Permanente (CENAP), organisme chargé de gérer les élections au Gabon.
Ce commando a prit en otage le président de la CENAP et à transmit des faux résultats au Ministre de l’intérieur pour déclarer Ali Bongo vainqueur de l’élection présidentielle. Or, à l’examen des procès verbaux issus de 3000 bureaux de votes au Gabon et à l’étranger, Ali Bongo n’arrive qu’en troisième position avec 9%, malgré le gonflage du corps électoral de sa province, le haut-Ogooué. Pierre Mamboundou et Mba Obame arrivent en tête. 

Le coup d’Etat s’est concrétisé le matin du 03 septembre 2009 à 9h00 par une fusillade des gabonais à l'entree de la citée de la démocratie. Les manifestants non violents et leurs leaders, sans armes, qui protestaient contre le coup d’état électoral en préparation ont été victimes d'une extrême violence. Dans les jours qui ont suivis 57 personnes ont été assassinés à Port-Gentil, victimes des troupes prétoriennes du dictateur. A ce jours 331 personnes sont portés disparues depuis septembre 2009. D’autres gabonais croupissent dans les geôles du pouvoir, d'autres sont des victimes quotidiennes des vexations, de persecution, de violations des droits professionnels et privés, etc. Leur seul tort est d’avoir revendiqué le respect de la volonté populaire issue des urnes et d’avoir refusé le coup d’état électoral et militaire perpétré par le système criminel intégré qui dirige le Gabon depuis toujours.  


Ce tour d’horizon, sur la lutte démocratique et le bulletin de vote, était essentiel pour dire que si c’est la voie indiquée pour que le peuple gabonais accède un jour à la pleine souveraineté, cela ne se fera jamais. Même la mort d'Omar Bongo n’a pas arrêter le système qu’il a mit en place. Il est clair, de prime abord que le bulletin de vote n’a aucune valeur dans le système Bongo-PDG. Ils n’ont que faire de la volonté du plus grand nombre. Il sont convaincu que les moyens militaires qu'ils ont les maintiendront au pouvoir autant d’années qu’ils le voudront.

En définitive ce système se régénère  grâce à ces élections truquées, car elles permettent de partager quelques prébendes à des pseudos opposants affamés. Chaque fois que le régime Bongo-PDG usurpe le pouvoir par les vols des suffrages, le peuple se met dans la rue. Au finish après avoir éliminé les gêneurs, il propose un gouvernement d’union nationale de voleurs, composé des mêmes caciques, de leurs enfants, de leurs descendants. C’est comme ça que la dictature au Gabon est devenue héréditaire. Le Gabon n’a aucune chance d’accéder à l’alternance par cette voie. 
Omar Bongo mort, il a aussitôt été remplacé par son fils qui applique les mêmes recettes : vols, corruption, assassinat, mauvaise gouvernance, et autres violations des droits élémentaires de l’homme. Il convient d’explorer d’autres voies.
Si ces élections sont organisées par des institutions internationales, alors il faudra une refonte totale du système. C'est à dire, revoir entièrement le fichier électoral, y instaurer la biométrie et des foires publiques pour l'inscription des électeurs, composer les bureaux de vote par les trois composantes; opposition, société civile et tenant du pouvoir. Ensuite contrôle, suivi et validation des élections par des pays qui n'y ont pas d’intérêts.


Prochaine piste d'accession à la souveraineté du peuple que nous allons examiner est:
2/Les négociations et accords politiques : Conférence nationale et accords de paris ; deux essais deux échecs, système de refus de la démocratie par le régime Bongo-PDG.


Jean Ndouanis

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